Fondé en 1929, plus de soixante après la mort du peintre, grâce à l’opiniâtreté de Maurice Denis, le musée Eugène-Delacroix fut créé en hommage à l’un des plus grands créateurs français. Il se distingue ainsi des autres musées ateliers. Malgré son attachement à ce lieu calme et serein au cœur de Paris, Delacroix n’envisagea pas, comme d’autres le firent après lui, Gustave Moreau notamment, qu’il puisse être, après sa disparition, conservé. Il avait, plusieurs mois avant son décès, rédigé son testament et prévu l’organisation d’une vente posthume, qui eut lieu, effectivement, en février 1864. Toutes les possessions du peintre, les milliers de dessins retrouvés dans l’atelier y compris, furent, ainsi, conformément à ses volontés, données ou vendues. L’appartement et l’atelier, vides, virent différents occupants se succéder, pendant près de soixante ans.

Au moment de la création du musée, l’enjeu de la collection fut, dès lors, crucial. Si les lieux avaient gardé la disposition de leur illustre locataire, si son esprit demeurait, aucune œuvre, aucun objet, ne rappelait cette occupation.

L’implication de la Société des Amis d’Eugène Delacroix, qui associait, aux côtés de Denis, certains des plus grands créateurs de l’époque – Henri Matisse, Paul Signac, Edouard Vuillard -, des collectionneurs avertis – dont le baron Joseph Vitta – et des conservateurs des musées parisiens, fut précieuse. Les dons de ses membres permirent de créer une première collection, enrichie par les prêts majeurs consentis par le département des Peintures et le cabinet des Dessins du Louvre. Comme l’avait écrit avec brio Maurice Denis, dans la préface du catalogue de la première exposition, en 1932, « Delacroix se trouvait ainsi, enfin, à nouveau chez lui. »

En 1952, une part importante de cette collection fut vendue à l’Etat afin de permettre l’achat des lieux ; elle est, aujourd’hui, inscrite sur les inventaires du département des Peintures et du département des Arts graphiques du Louvre et, souvent, au rythme des prêts, présentée au musée Delacroix.

En 2002, la transformation de la Société initiale en Société des Amis du musée Eugène Delacroix souligna à nouveau la nécessité impérieuse d’une collection propre au musée Delacroix. Généreusement, l’association nouvelle donna plus de cinq cents œuvres et objets au musée ; parmi eux, des ensembles hérités de la première société, ainsi les pierres lithographiques de la suite Hamlet ou les objets rapportés par le peintre de son voyage au Maroc.

Grâce à l’engagement de la nouvelle Société et de ses membres, grâce à l’opportunité remarquable du rattachement à l’établissement public du musée du Louvre en 2004, la collection du musée s’est enrichie de près de six cents éléments, depuis 2002. Associant peintures, dessins, manuscrits, estampes, autographes d’Eugène Delacroix, elle se distingue par son unicité, offrant une vision singulière de la création de l’artiste, peintre, graveur et écrivain.

Au souvenir fétichiste, elle préfère le primat de la création.

Fidèle à la fondation du musée en hommage au peintre, elle rassemble également des œuvres de ses aînés, de ses proches comme de ses disciples – Antoine Gros, Théodore Géricault, Hippolyte Poterlet, Théodore Chassériau, Pierre Andrieu, Maurice Denis par exemple.
L’accrochage, du 11 février au 29 juin 2015, présente un ensemble d’œuvres choisies, dont plusieurs inédites ou récemment restaurées, comme la copie de La Médée furieuse par Théodore Chassériau, le pastel portrait de Sophie Gay par Jules-Robert Auguste. Il met en valeur les grands chefs d’œuvre de la collection, œuvres insignes de Delacroix, la Madeleine au désert, tableau préféré de Charles Baudelaire, L’Education de la Vierge, peinte pour George Sand, le portrait de Richard de la Hautière, le portrait de Thales Fielding, le Roméo et Juliette au tombeau des Capulet, les manuscrits de jeunesse du peintre.

Transparaît ainsi, dans un double hommage à Delacroix et aux fondateurs du musée, la singularité d’une collection, assemblée non par l’héritage des propriétés de l’artiste mais par le rassemblement patient et constant, appelé à se poursuivre, d’œuvres choisies.

Lieu de mémoire, fondé en hommage au grand peintre, le musée Delacroix est ainsi, grâce à sa collection en constant accroissement, un musée.

Activités culturelles en lien avec l’accrochage

Conférences dans l’atelier :

Jeudi 5 mars, 18h30 :
Louis de Launay et Etienne Moreau-Nélaton, collectionneurs de Delacroix, par Arlette Sérullaz
Tarif : 6 €, 4 € (réduit), gratuit pour les « Amis » mais sur réservation au 01 44 41 86 50.

Jeudi 9 avril 2015,18h30 :
Eugène Delacroix sous l’influence de l’œuvre de Constable, par Pierre Wat

Tarif : 6 €, 4 € (réduit), gratuit pour les « Amis » mais sur réservation au 01 44 41 86 50.

Printemps des poètes du 7 au 22 mars : deux soirées les 20 et 21 mars
Le musée Eugène-Delacroix s’associe pour la première fois au Printemps des poètes, soulignant ainsi l’importance de la création littéraire du peintre, ses liens étroits avec les poètes de son temps comme l’admiration qu’il ne cesse de susciter auprès des poètes aujourd’hui. Autour du thème de la manifestation, l’insurrection poétique, deux soirées sont organisées les 20 et 21 mars au musée ainsi que des ateliers d’écriture qui seront proposés par François Audéguy aux visiteurs.

Dans l’atelier du peintre, les visiteurs seront invités à composer, à partir d’extraits de textes poétiques du XIXème siècle à nos jours, un « cadavre exquis » qui sera tous les jours publié sur le site et sur notre page Facebook.