Au printemps 2023, la Société des Amis du musée national Eugène-Delacroix a fait don d’une estampe très rare qui est venue compléter la collection du musée. Il s’agit d’une petite lithographie d’Eugène Delacroix, dont on ne connait qu’un seul état. Elle représente Hercule se reposant après ses douze travaux. Il tient une couronne et s’appuie à la fois sur une colonne et sur une massue.

Eugène Delacroix a pratiqué la gravure comme mode de création et de diffusion de son œuvre à une époque où les peintres étaient rarement graveurs. On lui attribue plus de cent-trente estampes au total, notamment deux grandes séries lithographiques, l’une consacrée à Hamlet, l’autre à Faust. Cette feuille datée de 1845 par Adolphe Moreau apparait comme isolée dans sa production.

Cette lithographie permet d’enrichir la collection d’une nouvelle représentation d’Hercule, montrant comment Delacroix, qui avait une solide culture classique, a pu retravailler les mêmes sujets, sous des formes différentes et en utilisant différentes techniques tout au long de sa carrière. Cet Hercule parait être à la fois un souvenir de l’Hercule Farnèse (Musée archéologique national de Naples), une des icônes de l’art antique, dont il reprend partiellement la pose, et une première pensée pour le thème de la vie d’Hercule que Delacroix développera quelques années plus tard, sur les onze tympans cintrés du Salon de la Paix de l’hôtel de Ville de Paris dont il reçoit la commande en 1852. Le musée Delacroix conserve deux esquisses peintes de ce décor aujourd’hui détruit : Hercule attachant Nérée et Hercule ramenant Alceste du fond des enfers.

Cette estampe a appartenu à de prestigieux collectionneurs : Philippe Burty, Alfred Beurdeley, Maurice Le Garrec.