Si Eugène Delacroix ne fonda pas d’atelier, il fut considéré comme un modèle par bien des artistes, des futurs jeunes impressionnistes à Picasso et Matisse. Son talent, sa fidélité à son propre idéal, l’originalité de ses sujets et de leur traitement, la part donnée à l’imagination ont suscité, et suscitent toujours, une très vive admiration de la part des créateurs, peintres, graveurs, photographes. La collection du musée est riche d’œuvres pour lesquelles Delacroix, l’artiste et l’homme, a été pris pour modèle.

Cet accrochage exceptionnel, organisé dans l’atelier du peintre, donne l’occasion de présenter pour la première fois des acquisitions récentes, dont la magnifique interprétation des Femmes d’Alger dans leur appartement par Henri Fantin-Latour (1836-1904), acquis en 2015 grâce à un don généreux de la Société des Amis d’Eugène Delacroix.

Dès 1822, Delacroix pressent le rôle essentiel des estampes d’interprétation, copies des peintures d’un maitre par d’autres artistes, dans la carrière d’un artiste et dans la diffusion de la connaissance des œuvres auprès du public. Ainsi, il autorise volontiers la gravure de ses œuvres, tout en portant un regard vigilant sur les estampes qu’on lui soumet, comme en témoignent ses échanges épistolaires avec Emile Lassalle au sujet de La Médée. Le défi de telles estampes est de taille car l’œuvre de Delacroix se qualifie par ses effets de couleurs, difficiles à rendre dans une gravure en noir et blanc. Delacroix lui-même s’essaye à l’exercice de la lithographie au début de sa carrière, notamment avec Faust et Hamlet, mais tente également la copie de ses propres tableaux comme le Forgeron, ici présenté.

« Copier, c’a été l’éducation de presque tous les grands maîtres. […] On copiait tout ce qui nous tombait sous la main d’œuvres d’artistes contemporains ou antérieurs »
Eugène Delacroix, Journal, 20 janvier 1857

La copie d’après les maitres est un exercice incontournable, ancré dans l’enseignement académique, et Delacroix ne déroge pas à cette règle. Illustre copiste qui arpente le Louvre pour y apprendre de ses prédécesseurs tels que Rubens, Van Dyck ou Goya, Delacroix devient à son tour une source d’inspiration pour ses contemporains et les générations qui le suivent. A la fois romantique, épris d’Antiquité, homme de rupture, génie de la couleur, il incarne pour beaucoup un modèle à copier. Le musée Delacroix présente ainsi dans son atelier plusieurs peintures d’après les chefs d’œuvres de Delacroix comme la Mort de Sardanapale par Frédéric Villot, qui est une copie stricte du maitre, mais aussi des interprétations plus libres telles que la copie des Femmes d’Alger de Fantin-Latour ou encore Apollon et le serpent Python, d’Odilon Redon.


En lien avec l’accrochage :

- Un livret de jeux pour les enfants de 8 à 12 ans est disponible à l’accueil les mercredis, week-end et périodes de vacances scolaires.

- le jeudi 31 mars à 18h30 dans l’atelier du musée : par Dominique de Font-Réaulx Présentation de l’accrochage "Delacroix en modèle"

- le jeudi 12 mai 18h30 dans l’atelier du musée : par Danièle Cohn, professeur de philosophie, ENS Conférence dans l’atelier "Il faut imiter l’Antique"

- le 21 mai jusqu’à 23h30, Nuit des musées avec La classe-L’oeuvre
Le samedi 21 mai 2016 de 17h30 à 23h30
Entrée libre


- Et chaque samedi à 10h30, visite de l’accrochage avec un conférencier, sans réservation