Etude de fleurs est une petite aquarelle d’Eugène Delacroix représentant une anémone, un pavot et un pavot de Californie. Cette œuvre atteste la curiosité naturaliste d’Eugène Delacroix, son intérêt pour les formes et les couleurs du vivant.

Le goût des fleurs

Eugène Delacroix appréciait le parfum et les couleurs des fleurs. Vous savez comme j’aime les jardins, les fleurs. Je crois que c’est pour ça que je vous aime tant écrivait-il à son amie George Sand en 1844. Dans les années 1840, il effectue plusieurs séjours à Nohant, chez George Sand dont la propriété était entourée d’un parc. En juin 1844, tandis qu’il vit et travaille en plein cœur de Paris, il prend un petit logement secondaire à la campagne, à Champrosay, dans l’est de la Seine-et-Oise (aujourd’hui département de l’Essonne). Il y jouit d’un jardin fleuri et fait souvent de longues marches en forêt de Sénart.

Ce dessin représente trois espèces qui fleurissent à partir de mai dans les prairies ; il a pu être réalisé dans la campagne du Berry ou aux abords de la forêt de Sénart, lors d’une promenade du peintre.

La nature comme objet d’étude

Au-delà de la curiosité, du plaisir et du délassement que lui procure sa contemplation, la nature est pour Eugène Delacroix un objet d’étude et d’intérêt ; le dessin lui permet de s’approprier les formes des arbres, des fleurs et des feuilles. Il aime se pencher sur l’architecture du vivant. George Sand le racontera quelques années après la mort du peintre : J’ai vu Eugène Delacroix essayer pour la première fois de peindre des fleurs. Il avait étudié la botanique dans son enfance, et, comme il avait une admirable mémoire, il la savait encore ; mais elle ne l’avait pas frappé en tant qu’artiste, et le sens ne lui en fut révélé que lorsqu’il reproduisit attentivement la couleur et la forme de la plante. Je le surpris dans une extase de ravissement devant un lys jaune dont il venait de comprendre la belle architecture, c’est le mot heureux dont il se servit. […] Il me demanda alors à voir des plantes séchées, et il s’énamoura de ces silhouettes déliées et charmantes que conservent beaucoup d’espèces.
En effet, ce dessin a sans doute été réalisé d’après des fleurs coupées, posées à plat. La mise en page fait penser aux herbiers ou aux planches illustrant les livres de botanique. La technique de l’aquarelle permet de rendre la fragilité et les harmonies subtiles de ces fleurs.

Tableaux de fleurs

Le 29 août 1848, Delacroix écrit à Joséphine de Forget : Nous avons eu hier une chaleur excessive qui me promettait de beaux jours pour les études que je veux faire pour mes tableaux de fleurs. En dessinant cette Etude de fleurs, préparait-il l’un des tableaux de fleurs qu’il exposera au Salon de 1849 même si, en dehors du pavot, on ne retrouve pas ces plantes dans les peintures ? On peut penser que de telles études ont permis à l’artiste d’imaginer ses riches compositions florales, dégagées de la description naturaliste stricte.

Bibliographie

  • George Sand, « Lettres d’un voyageur, à propos de botanique » 2e lettre, Nohant, 20 avril 1868, Revue des deux mondes, Paris, 1868, vol. 75, p. 577-578
  • Ivan Bergerol, Arlette Sérullaz, Eugène Delacroix, aquarelles et lavis au pinceau, Paris, 1998, p. 102 repr.
  • Cat. exp. Delacroix, Des fleurs en hiver, Othoniel, Creten, Paris, Musée national Eugène Delacroix, 12 décembre 2012-18 mars 2013, Paris, Louvre éditions, le Passage, 2012
  • Cat. exp. Delacroix et la nature, Paris, Musée national Eugène Delacroix, 16 mars-27 juin 2022, Paris, Louvre éditions, le Passage, 2022
  • Claire Bessède, Musée national Eugène Delacroix, Paris, Louvre éditions ; Madrid, Éditions El Viso, 2022

(Mise à jour : février 2023)