Le sujet de cette gravure est tiré d’un poème de Lord Byron (1788 – 1824), dramaturge et poète britannique, publié en 1813 sous le titre The Giaour A Fragment of Turkish. Le poème relate l’histoire des amours malheureuses d’un guerrier vénitien, le Giaour (surnom péjoratif donné par les Turcs aux non-musulmans), et d’une esclave Leïla, appartenant à un riche musulman, Hassan. Ce dernier provoque la mort de la jeune fille en la jetant à la mer en punition de son infidélité.

La lecture du poème laisse chez Delacroix une empreinte profonde. Il réalise, à partir de 1824, plusieurs peintures, dessins et gravures d’inspiration byronienne. Delacroix a privilégié dans ses différentes représentations du poème du Giaour certains passages, dont celui de l’affrontement entre les deux rivaux qui se conclue par la mort d’Hassan. Le 11 mai de cette même année, Delacroix note dans son Journal : Le poète est bien riche : rappelle-toi, pour t’enflammer éternellement certains passages de Byron, ils me vont bien.

Delacroix exécute cette lithographie en 1827 en même temps qu’il achève les interprétations du Faust de Goethe, et envisage une suite d’illustrations sur le Giaour. Mais, probablement à cause de l’insuccès commercial du Faust, le Giaour resta une œuvre isolée dans l’œuvre gravée de l’artiste qui réalisa néanmoins plusieurs versions peintes du sujet dont celle conservée au Petit Palais à Paris (1835).

Bibliographie

  • Dominique de Font-Réaulx (dir.), Delacroix, Objets dans la peinture, souvenir du Maroc, catalogue d’exposition (musée Eugène-Delacroix, automne 2014), Louvre/Le Passage, 2014.